DÉCEMBRE 2020 - TRANSATLANTIQUE ALLER
TRANSATLANTIQUE ALLER
DU 28 NOVEMBRE AU 22 DÉCEMBRE 2020
Nous quittons Santa Cruz de La Palma à 11h le samedi 28 novembre, le lendemain des obsèques de Maman. Avant de partir, nous avons crée un groupe Whatsapp avec nos enfants et nos amis en promettant de transmettre tous les jours un petit message IRIDIUM de 120 caractères maximum pour indiquer notre position et faire quelques commentaires sur notre vie à bord et la marche du bateau. Dernier appels téléphoniques, calage de tout ce qui pourrait bouger dans le bateau et pourrait faire du bruit, adieu aux copains de ponton qui suivent notre sortie du port, grands signes des bras et nous voilà partis.
Ces coussins gonflables, achetés pour quelques euros sur CD Discount et gonflés juste ce qu'il faut, ont été très efficaces pour coincer tout ce qui pouvait cogner et faire du bruit dans les équipets et les coffres.
Le moment n’est pas idéal car une dépression qui est positionnée à proximité de Madère, tend à descendre plus bas dans le nord ouest immédiat des Canaries en menaçant de rester stationnaire pour quelques jours. Il faut donc nous attendre à des vents de sud ouest qui vont nous interdire une descente directe sur l’ouest du Cap Vert pour trouver les alizés, sauf à tirer des bords de près pénibles dans un vent de 20 à 25 nœuds et une mer hachée, ce que nous ne souhaitons pas. Raisonnablement, nous savons que nous devrions retarder notre départ mais nous avons maintenant trop envie de partir.
A
23h, malgré un départ prometteur au cap 240°, le vent tourne au
sud ouest comme nous l’avions prévu et nous passons
progressivement au près serré sur un cap autour de 200° dont nous
ne bougerons plus pendant plusieurs jours. Le plus étonnant reste
que la météo du fichier GRIB ne reflète absolument pas la réalité
et donne toujours un vent de nord nord-est …
Le stockage des fruits et des légumes |
Premier coucher de soleil |
Le temps s’écoule entre lecture, observation de la mer et du ciel, prise des repas, organisation des quarts de veille et au petit matin, recherche des poissons volants tombés sur le pont pendant la nuit. Il faut aussi négocier les grains nombreux sur cette partie du parcours à cette époque de l’année, sous lesquels le vent monte à plus de 30 nœuds et qu’il faut anticiper surtout la nuit.
Poisson volant (Exocet de son nom scientifique) |
La route au départ de La Palma |
Grande houle. Profitons en car le reste du voyage se fera sur une houle resserrée et des vagues vent de côté, ce qui rendra la mer très inconfortable
La météo ne reflète toujours pas la réalité : nous sommes au près serré, contraint de longer la côte africaine. La dépression est vraisemblablement installée un peu plus à l'ouest |
Le dimanche 29 à 23h nous passons notre premier méridien et nous avançons les horloges du bateau d’une heure.
Lundi 30 novembre je suis amariné et j’arrête de prendre du Stugeron. Sylvie n’a jamais le mal de mer !
La table est servie ! |
Douche à l'eau de mer et rinçage à l'eau douce avec un pulvérisateur de jardin |
Nous longeons ainsi la côte africaine jusqu’à entrer dans une zone de calme plat le 2 décembre au matin. Nous mettons le moteur en route pour un peu plus de 2 jours. Allons-nous profiter du moteur pour mettre le cap au sud-ouest et revenir sur la route prévue initialement ? La zone de calme s’étirant dans le sud ouest et bien que notre route en soit rallongée, nous choisissons de continuer notre descente plein sud pour couper la zone de calme au plus court et retrouver du vent au plus vite.
Zone de calme plat (entourée en bleu) dans laquelle AN AVEL se prépare à entrer |
Et le 4 décembre à 7h30 le matin, sortie de « pétole » et cap enfin au 270° après 60 heures de moteur. Nous sommes au nord du Cap Vert et le vent souffle enfin dans la bonne direction. Ce n’est pas encore les alizés, mais cela commence à y ressembler. Le moral remonte au plus haut et c’est la fête sur An Avel !
Cap au 270 ...,1° 😀 |
Les repas génèrent quelques déchets qu'il nous faut gérer à la fois pour éviter les odeurs mais également pour éviter d'en accumuler un volume trop important. Sur An Avel, pendant la traversée de l'Atlantique, nous avons géré nos déchets de la façon suivante :
- Les cartons "propres" recouverts d'une pellicule plastique ou glacés et les plastiques "propres" comme les bouteilles plastiques sont soigneusement écrasés et conservés dans un grand sac poubelle dans la cabine avant.
- Les plastiques souillés, les boites de conserves, cartons souillés et recouverts d'une pellicule plastiques, papier glacé et autres déchets non organiques sont conservés dans des petits sacs poubelles que nous déposons à l'extérieur dans l'annexe
- Les papiers et cartons propres ou souillés qui ne sont pas recouverts de plastique ou de papiers glacés sont déchirés en petits morceaux et mis à la mer
- Les déchets organiques sont mis à la mer
Le 6 décembre, nous pêchons une première daurade coryphène qui sera suivie de nombreuses autres les jours suivants, toutes de tailles modestes mais chacune largement suffisante pour un repas à deux. Nous en profitons car à partir du 11 décembre, la présence continue de Sargasses viendra compliquer la pèche à la traîne.
Daurade Coryphène |
La même Daurade Coryphène marinée aux épices des Canaries et revenue à la poêle sur un lit d'oignons ... miam ! |
Sargasses |
Le 7 décembre à 3h30 du matin, la bosse d’enrouleur du génois qui avait été mal bloquée se déroule complètement. Le temps que nous réagissions, le génois s’est mis en coquetier et menace de se déchirer dans 20 nœuds de vent. Les écoutes sont enroulées serrées au milieu du génois, et il me faudra les sortir des avaloirs pour les dés-enrouler une par une avant de les remettre en place. Je suis équipé de mon gilet de sauvetage muni d’une lampe à éclat de sécurité prête à être enclenchée et d’une balise individuelle de repérage par satellite à enclenchement manuel. Sylvie accompagne et surveille la manœuvre depuis le cockpit.
Et toujours entre ciel et mer ... Quelques images pour le plaisir des yeux ...
Le 8 décembre, toujours pendant la nuit, une grosse vague nous prends sur la hanche tribord et nous fait empanner violemment. Le frein de bôme que je règle systématiquement tous les soirs n’aura pas à jouer son rôle. La retenue de bôme bloque la bôme à bâbord, met la grand voile à contre et interdit l’empannage, préservant ainsi la bastaque à tribord qui sinon aurait pris la bôme de plein fouet au risque de descendre le mât ! Un coup de moteur (très peu puriste mais bien pratique!) pour remettre le bateau dans l’axe et nous sommes repartis. Ouf, nous nous en sortons plutôt bien ! Les empannages involontaires sont souvent très violents et sont à l’origine de nombreux accidents comme des démâtages ou des traumatismes crâniens quand une tête à la mauvaise idée de se trouver sur le passage de la bôme !
AN AVEL Sous voile (Musique "Anyway the wind blow" JJ Cale & Eric Clapton)
Après quelques jours en mer, nous constatons que les batteries ne se rechargent pas comme nous le souhaiterions. L’éolienne est inopérante en vent arrière et la capacité des panneaux solaires de 290W est insuffisante. Le pilote automatique travaille énormément au portant et j’ai sous-estimé sa consommation lors du calcul du bilan de consommation du bateau. Je regrette maintenant d’avoir renoncé à installer un hydrogénérateur qui aurait résolu complètement le problème … ! Nous en serons quitte pour 3 à 4 heures quotidiennes de moteur avec la hantise d’être à cours de gasoil avant d’arriver à destination. A surveiller de très près et à améliorer lors d'une escale ou nous pourrons disposer d'un shipchandler… !
Le 12 décembre, nous franchissons le milieu de notre trajet depuis notre virement au 270° au nord du Cap Vert. Nous sommes au beau milieu de l’Atlantique et nous fêtons l’évènement le soir avec un verre de Jack Daniel’s.
Mi-parcours, cela se fête ! |
2 ou 3 jacks plus tard ..., nous n'avons plus trop envie de nous lancer dans la cuisine. Soupe chinoise et ananas au sirop au menu 😜 |
Nous effectuons la première partie de la traversée avec GV 1 ris et Génois en naviguant lof pour lof pour nous adapter au vent qui n’est pas encore régulier en direction. Puis plus tard nous tangonons le génois et pour finir nous affalons la grand voile et ne conservons que le Génois tangonné légèrement à contre entre 140° et 170° et la trinquette en ciseau très légèrement bordée pour maintenir An Avel au lof dans la zone des 140° à 170°. Nous avons choisis de ne pas embarquer de spi sur An Avel. Notre distance parcourue quotidiennement va de 110 à 140 MN selon le vent.
Génois seul tangoné |
Génois tangoné et trinquette en ciseau |
Nous n'allons pas très vite mais nous préservons le bateau et l'équipage. Un peu plus tard, arrivés à La Barbade, nous avons rencontré un bateau belge. Le capitaine était très fier d'avoir traversé en 15 jours entre le Cap Vert et La Barbade, mais il avait déchiré son génois n°1, tordu une tête de son tangon et à moitié arraché le point d'écoute de sa grand voile à enrouleur ...
Les levers et couchers de soleil sont de plus en plus magnifiques au fur et à mesure que nous progressons vers l’ouest. Dans la journée, les poissons volants nous accompagnent en permanence. Nous les observons qui s’envolent devant le bateau, isolés ou en groupe, pour aller atterrir plus loin dans un éclaboussement d’écume, parfois après un vol de plusieurs dizaines de mètres, puis se ré-envoler un peu plus loin .
Vol d'exocet
Nous profitons de temps à autre d'une grande houle, mais la plupart du temps nous sommes secoués par une houle très serrée venant de l'arrière et des vagues arrivant de tribord arrière.
Le 17 décembre, nous croisons au loin un paquebot américain, le « Alan Molek » qui se rend au Brésil (BR TUB). Nous n’avions pas rencontrer âme qui vive depuis le 4 décembre.
Le paquebot passera à plus de 3 MN d'An Avel |
Notre sommes désormais à 500 MN de La Barbade et prévoyons une arrivée entre le 21 et le 22 décembre.
Le 19 décembre, le relevé météo indique un vent de 25 nœuds à partir de 19h jusqu’au 23 décembre, avec vraisemblablement des rafales qui devraient monter autour de 30 nœuds. Par ailleurs, le vent a changé de direction et ne nous permet plus de faire un cap direct sur La Barbade sous génois tangonné et trinquette. Nous anticipons donc dés 14h et nous repassons sous grand voile 1 ris et génois sans tangon. Nous prévoyons de tirer un grand bord vers l’ouest sud-ouest, puis d’empanner pour prendre un cap direct et plein ouest sur La Barbade. Notre vitesse s’en trouve améliorée même si nous devons parcourir plus de distance. Le pilote automatique semble également mieux se comporter en consommant moins d’énergie et la mèche du safran ne grince plus dans les surfs ou quand les vagues percutent le bateau par l’arrière. L’idée est également de gérer notre avancée afin d’arriver à La Barbade en début de journée pour des raisons pratiques de visibilité et de formalités administratives locales. Finalement le vent tournera de nouveau et nous permettra un peu plus tard de faire un cap direct.
Le 22 décembre à 1h00 du matin, nous arrivons enfin à la Barbade. Un appel VHF sur le canal 12 au Port Control et nous sommes invités à nous rendre au Customs dock pour effectuer les formalités d'entrée ainsi qu'un test COVID assorti d'une mise en quarantaine jusqu'à l'arrivée des résultats.
Notre trace à l'arrivée au Customs dock. Aux Antilles il faut bien garder en tête que les couleurs des bouées sont inversées par rapport au système européen : quand on entre dans un port ou un chenal, les bouées vertes sont à bâbord et les rouges à tribord. Les formes par contre restent les mêmes : cylindre à bâbord et cône pointe en l'air à tribord. |
Nous nous amarrons après avoir fait deux tours devant le dock, afin de bien repérer les points d'amarrage à disposition. |
Avez vous reçu mon commentaire ?
RépondreSupprimerChristian
Je pense que vous ne l'avez pas reçu , alors je le renouvelle
RépondreSupprimerVous allez au bout de vos rêves et je trouve que c'est vraiment super.On vous sent heureux alors continuez à profiter de chaque
moment et félicitations pour votre Blog
Christian